Témoignage ville de Tourcoing – L’info Géo tous azimuts

Publié le 10 avril 2024 par Michèle Mahillet

La ville de Tourcoing est incluse dans la Métropole Européenne de Lille (MEL), pour autant elle possède son SIG propre tout comme la proche Ville de Roubaix.

En France, les 2 situations existent au niveau des agglomérations, des métropoles … le plus souvent il y a un SIG communautaire, mais régulièrement on retrouve le contexte de Tourcoing avec un SIG bien autonome mais aussi respectueux des règles liées à l’exercice des compétences de chaque structure territoriale.

Visite guidée avec Antoine QUIQUEMPOIS, responsable à la Ville de Tourcoing de la cellule IG elle-même rattachée au Service Aménagement et Habitat, un positionnement au cœur d’un service métier. 


Antoine, s’il fallait décrire le SIG en une seule ligne, une seule initiative ?

Réponse difficile car il y a beaucoup de sujets, beaucoup d’initiatives mais réponse évidente également car nous avons mis en place pour l’interne « la carte interactive pro » une sorte de hub d’information, un véritable libre-service dans lequel figure l’ensemble des données géographiques de la ville auxquelles les agents ont accès en consultation.

Cette application est également aménagée pour le grand public, donc réduite forcément, et se présente en exposant six grandes thématiques structurantes qui sont : Administration, Loisirs, Education, Environnement, Déplacements et Santé. L’application expose l’ensemble du patrimoine à travers la localisation et la représentation des équipements, des parcours, des structures … avec quand c’est nécessaire une fiche d’informations associée.

https://tourcoingcarto.maps.arcgis.com/apps/webappviewer/index.html?id=06d556a1d4a7488d9930963165472434

 

La quantité de données est très importante, comment se passent l’acquisition ou la création de ces informations, et ensuite leur entretien ?

Tout repose sur l’implication des services, sur leur volonté et leur capacité à éditer la donnée dont ils ont la connaissance, la maîtrise et la responsabilité. Il faut qu’ils soient convaincus que le mode SIG pour gérer leurs données est le bon, bien meilleur et bien plus fiable que la méthode ancienne avec par exemple des fichiers Excel ou des atlas. Pour cela, les services métier tel que les Espaces Verts, la Culture, la Voirie … doivent avoir confiance dans les outils que nous proposons, nous la cellule IG.

Le plus souvent cette autonomie des services passe par de l’édition des données en mode web avec arcOpole Builder aOB. Nous exploitons la console d’administration d’aOB pour distribuer les droits sur les données et chaque service bénéficie de ses applications d’édition.

 

Justement comment se monte une application pour un service métier ?

Initialement, un besoin est exprimé et aujourd’hui tous les services ont ce besoin, celui de visualiser leurs données territoriales. Ensemble nous analysons le besoin, évoquons les schémas de données nécessaires, leur type et représentation, les tables associées, les informations qui doivent être visibles ou pas, celles à mettre à jour et par qui. Parfois c’est assez poussé avec l’usage de filtres et des données non visibles par tout le monde par exemple les informations de contact, la valeur des aides …A la suite de quoi, je crée la base de données parfois en partant d’un état zéro, aucune donnée n’étant existante, parfois en récupérant des données type xls ou csv … différents cas de figure sont possibles.

L’application de gestion et de consultation est alors mise dans les mains des utilisateurs, il y a échanges et parfois il est nécessaire d’améliorer comme de simplifier. En une dizaine de jours, en étant pragmatique, on parvient à d’abord montrer ce qui est possible avec le SIG, étudier le besoin, structurer un modèle, créer les applications et former les utilisateurs. Ensuite écouter et accompagner. Aujourd’hui on est sur une cinquantaine de collaborateurs avec le mode édition actif et 150 autres en simple viewer.


Exemple d’application d’édition créée pour la direction des espaces verts et permettant l’édition des différentes surfaces en gestion.

 

Quelles réalisations sont particulièrement significatives ?

Alors, toutes les thématiques sont concernées et toutes sont significatives. Disons qu’en ce moment il y a le sujet Gestion du Patrimoine de la Ville, en cours avec la direction de l’Architecture.

Au départ on a la gestion des parcelles appartenant à la ville, puis on structure les informations en trois niveaux : Le site, les bâtiments et les salles avec la possibilité dans une prochaine phase d’alimenter avec des informations style sanitaires, alarmes, chaudières : on a des éléments de patrimoine et de sous patrimoine.


Application de consultation du patrimoine de la ville, avec un exemple de représentation des salles au Rez-de-chaussée de l’hôtel de ville.

 

Comme le travail est conséquent, nous avons recours à un renfort humain pour tirer profit de la méthode mise en place qui comprend la récupération des plans d’intérieur et leur géoréférencement, puis le recensement de toutes les salles, réparties dans les étages de chaque bâtiment et l’identification de tous les éléments. L’identification est primordiale pour la liaison avec le progiciel de gestion des bâtiments. La priorité a été donnée sur les écoles et l’associatif, puis les salles de sport et l’administratif. Dans le même esprit, nous avons en vue, la gestion des espaces extérieurs des sites en collaboration avec la direction des Espaces Verts.

 

Y a-t-il un projet particulier en prévision ?

Peut-être … il reste encore des étapes à franchir mais nous avons le sujet de la Propreté avec la partie Signalements sans doute perfectible.

In fine, sur cette thématique environnementale et touchant directement au cadre de vie des citoyens, les élus bénéficient de tableaux de bord (ArcGIS Dashboard) sur les interventions réalisées sur les dépôts sauvages, les graffitis, … les agents des services amenés à travailler en extérieur exploitent Quick Capture pour informer et localiser les anomalies et programment les tournées de ramassage avec l’aide de ces signalements géolocalisés.

Les tournées  de nettoyage sont organisées avec l’aide des données décrivant les rues et trottoirs avec une classification à la journée … le SIG sert d’appui pour l’implantation des corbeilles ou des PAV … A travers cette thématique de la Propreté, c’est tout un service, historiquement non « informatique » qui est devenu « Information Géographique », avec tout un tas de données gérées en autonomie et avec de la qualité.


Tableau de bord interactif des interventions de la propreté, affichant le bilan de janvier 2024

 

Dans tout ce workflow, il y a les Signalements pouvant être effectués par les citoyens aujourd’hui à travers une application tierce. C’est sur ce point que nous pensons être perfectibles et nous travaillons sur une solution permettant cette contribution citoyenne à travers l’outil Survey et des traitements bien plus efficaces puisque directement injectés dans le SIG.

Il convient de présenter un projet cohérent et clair pour convaincre de l’intérêt de cette évolution.

 

Convaincre de la puissance du SIG, de son utilité … c’est encore trop souvent un combat dans les collectivités ?

Avec toute raison gardée, je pense qu’à Tourcoing nous avons franchi un palier. Nous avons des utilisateurs de plus en plus curieux, nombreux, friands de formation toujours plus approfondies.

L’IG est de plus en plus utilisée et pour cela nous avons le soutien de notre direction qui participe à la promotion et à la reconnaissance du SIG. Je crois que nous avons passé le stade du besoin de convaincre et que nous sommes sur la voie de l’expansion.

 

Merci à Antoine QUIQUEMPOIS et à la ville de Tourcoing pour ce super retour d'expérience !